Il ne s’agit pas d’une démarche politique mais d’un rassemblement citoyen dans le but d’obtenir une renégociation du contrat passé avec Veolia », avertit l’élue d’opposition roquebrunoise Marie-Christine Franc de Ferrière. Récemment, une réunion publique – organisée par le groupe politique « Ensemble pour Roquebrune » – s’est déroulée sur l’esplanade Jean-Gioan. Devant la salle bondée, Jean-Luc Touly, spécialiste de la gestion de l’eau, porte-parole de l’association pour le contrat mondial de l’eau et ancien salarié de Veolia a signalé « des factures d’eau bien trop élevées et un service insuffisant » à Roquebrune. Un sujet complexe et délicat que le maire, Patrick Césari, n’a pas souhaité – pour l’heure – commenter. Explications.
Un prix de l’eau trop élevé ?
Avec l’aide d’experts (1), les élus d’opposition du groupe « Ensemble pour Roquebrune » ont calculé et analysé le prix de l’eau et de l’assainissement à Roquebrune. Selon eux, pour une famille de 4 personnes consommant en moyenne 120 m3 d’eau par an, le coût du mètre cube s’élève à 5,27 euros (3,87 euros à Menton). « En comparant avec le coût moyen en France, le tarif de Roquebrune est trop élevé d’au moins 30% (2), précisait Jean-Luc Touly, lors de la réunion. C’est un coût excessif. Actuellement, en France, seulement 10 % des communes ont un tarif situé entre 5 et 6 euros. » Alors, comment expliquer ce montant ? Hier soir, Veolia n’avait pas donné suite à nos sollicitations. Pour Jean-Luc Touly, il s’agit surtout « d’un manque de rigueur de la ville. Veolia a facturé un taux d’intérêt à 6,5% à Roquebrune. C’est trop et il aurait fallu renégocier le contrat. »
Une surfacturation de la station d’épuration ?
Documents chiffrés à l’appui, le spécialiste alerte les habitants sur un autre point : la date de construction de la station d’épuration. En effet, Roquebrune a signé un contrat de délégation de service public (DSP) de 20 ans avec Veolia pour la conception, la construction et l’exploitation de la station d’épuration au 1er janvier 2010. « Le coût de la construction et de l’épuration a été facturé aux usagers roquebrunois à partir de la prise d’effet du contrat, alors que la mise en service date de l’été 2012… » Autrement dit, les habitants auraient payé un service inexistant durant près de deux ans et demi. « Cette facturation se chiffre à 3,5 millions d’euros », assure l’élue d’opposition.
Que demande l’opposition ?
Lors de cette réunion publique, Marie Christine Franc de Ferrière a invité les habitants à se réunir afin de créer une association, présidée par des citoyens non élus. L’objectif serait alors de renégocier le contrat à 4 euros (au lieu des 5,27 euros actuels). L’expert Jean-Luc Touly a souligné que de nombreuses collectivités ont déjà renégocié leur contrat de DSP. «Comme Antibes, dont le prix de l’eau a baissé de 44%. Nice a même municipalisé son service de l’eau.»
Quel impact pour la Carf ?
Depuis le 1er janvier 2018, la compétence « eau et assainissement » a été transférée à la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf). À l’échéance des contrats de DSP, une réflexion globale d’harmonisation des tarifs d’eau potable et d’assainissement sera mise en place. Mais quelle conséquence pourrait avoir un prix très élevé à Roquebrune sur les autres communes de la Carf ? Vont-elles payer plus cher ? Le président, JeanClaude Guibal n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier. Et l’élue d’opposition, Marie-Christine Franc de Ferrière, d’insister : « Il ne s’agit pas d’un règlement de compte. Nous voulons accompagner au mieux cette mutualisation et soutenir le président de la Carf. Pour l’intérêt général. »
1. Thierry Gadault, journaliste d’investigation ; Marc Laimé, consultant spécialisé dans les politiques de l’eau et Jean-Luc Touly, spécialiste de la gestion de l’eau. 2. Le prix moyen en France en 2017 pour l’eau et l’assainissement était de 3,98 euros.