Un an après avoir pris sa retraite, Richard Trinquier, âgé de 70 ans, s’est porté volontaire pour reprendre son activité de réanimateur anesthésiste à l’hôpital d’Orsay pendant la crise sanitaire.
Il a troqué son écharpe de maire contre l'attirail du soignant : masque, visière, gants, surblouse… « On dirait un vrai scaphandrier », s'en amuse Richard Trinquier. Un an après avoir pris sa retraite de réanimateur-anesthésiste, le maire (DLF) de Wissous, 70 ans, a repris du service.
Depuis presque un mois, il exerce trois à quatre fois par semaine au sein du service de réanimation de l'hôpital d'Orsay. Un service qui a spécialement rouvert ses portes pour pouvoir soigner les patients lourdement atteints du Covid-19.
Une grosse fatigue et des petites victoires
À son arrivée, premier choc : les patients ont à peine plus de 40 ans. « Je ne m'attendais pas à ce qu'ils soient aussi jeunes, confie Richard Trinquier. Et encore je ne vois pas tous les malades. Mon service, qui compte dix lits, n'accueille que les cas les plus graves. Ils sont tous intubés. Ils souffrent énormément, c'est pour cela qu'ils sont placés en coma artificiel. Certains le sont depuis plus de deux semaines. Un de mes patients a enfin été extubé après 15 jours. J'ai pu lui parler pour la première fois. Il n'avait aucune notion du temps qui venait de s'écouler et se disait très fatigué. »
La fatigue, Richard Trinquier la ressent lui aussi. Surtout que les conditions de travail sont très difficiles. « Je ne me rends jamais dans mon service sans être totalement protégé, rappelle-t-il. Et une fois à l'intérieur, pour économiser le matériel de protection dont nous manquons terriblement, je ne ressors qu'une seule fois, le midi, le temps de m'hydrater et de manger un peu. Dans la salle, il fait environ 27 degrés, j'ai dû perdre trois kilos depuis que j'ai commencé. »
Mais les petites victoires permettent de tenir le coup. « Nous n'avons eu aucun décès la semaine dernière. Et je pense que deux ou trois patients pourraient quitter mon service cette semaine. Ils ne sont pas pour autant guéris, et ne sont pas près de rentrer chez eux, mais ils vont mieux. »
Une action en dehors de toute stratégie politique
Si le maire a délégué ses pouvoirs sur la gestion du quotidien à son premier adjoint, il tient à rester informé sur les grandes mesures qui devront être prises lors du déconfinement. « Seulement 6 % de la population aurait été atteinte par le Covid-19. Je ne suis pas prophète mais on doit s'attendre à une éventuelle deuxième vague de contamination. Il faudra prendre toutes les mesures possibles pour protéger la population. Moi je resterai engagé tant qu'on aura besoin de moi. »
Une manière de gagner des électeurs? « Absolument pas », répond celui qui a obtenu 40,86 % des voix au premier tour des élections municipales. « Je ne suis pas certain que les gens me seront reconnaissants de cette manière. Ma démarche n'a rien à voir avec une campagne électorale. Je n'ai d'ailleurs pas cherché à faire de la publicité autour de ce que je fais », poursuit celui qui est plus habitué à faire les gros titres de la presse pour ses frasques.
Il a notamment été condamné en novembre 2018 à 6 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel d'Evry pour avoir menacé des gens du voyage avec un sabre. « Je ne communique pas sur mes actions qui touchent le domaine médical, conclut-il. C'est en dehors de la politique. Là, j'ai la possibilité d'aider, je le fais. »