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L'enquête de Roger Lenglet et Jean-Luc Touly a duré trois ans. Elle a montré, grâce aux témoignages de syndicalistes actifs dans les différentes grandes entreprises publiques et privées, que le syndicalisme devenait inefficace et que le nombre de syndiqués et de cotisations baissaient, explique Jean-Luc Touly. "Trois à quatre pourcents des recettes des syndicats proviennent des cotisations des adhérents et le reste vient de l'Etat et des grandes entreprises."
Les syndicats devraient représenter un vrai levier, mais ce n'est pas le cas. "Il représente 7 à 8% de syndiqués pour l'ensemble des salariés et plus dans le public que dans le privé. Aujourd'hui, ils ont du avoir recours à des corruptions, des financements occultes à travers les comités d'entreprises, les institutions paritaires, le 1% logement, la formation professionnelle. Cela concerne les directions syndicales et pas les syndiqués de base."
Les syndicats français sont organisés soit en fédération professionnelle soit localement au niveau du département et des régions. Il y a des grandes zones d'ombre et de désert, notamment dans l'agroalimentaire, explique Jean-Luc Touly.
Un sujet tabou
"Depuis plus d'un siècle, il n'y a pas eu de mise à jour. Une Commission d'enquête parlementaire a été créée en 2011 et c'est la première fois qu'elle ne publiera pas son rapport. On voit que c'est un sujet tabou et l'on n'arrive pas à avoir la vérité."
Les largesses sont individuelles, mais vont aussi aux organisations syndicales. "Ce sont des centaines de millions d'euros qui ont été détournés. Les salariés voulant dénoncer cette corruption ont été harcelés. Certains ont gagné aux prud'hommes et d'autres se battent encore."